Au début de juin 2024, la société guinéenne a été secouée par la révélation de tentatives de recrutement clandestin de jeunes Guinéens pour combattre aux côtés de l’armée russe en Ukraine. Sous couvert de propositions d’emploi, ces jeunes se sont vus embarqués dans une réalité bien plus sombre et périlleuse. C’est dans ce contexte que l’ONG “Edina Kraina”, en collaboration avec des médias locaux et d’autres acteurs de la société civile, a pris des mesures pour enrayer ce phénomène et protéger les citoyens guinéens.
Une Enrôlement Frauduleux Démasqué
Le cas de Kamar Ousmane Hare, jeune Guinéen recruté pour le front russo-ukrainien, a suscité une vive émotion. Ce recrutement frauduleux a mis en lumière une opération plus vaste, où des agents, apparemment liés aux services spéciaux russes, recrutent des jeunes sous prétexte d’emplois dans la construction en Russie, avec la promesse d’un revenu stable de 400 à 700 dollars par mois. Cependant, à leur arrivée, on leur propose un contrat bien différent, les incitant à rejoindre des unités paramilitaires ou à servir comme mercenaires pour un salaire attractif de 2 000 à 2 500 dollars par mois.
Ces jeunes se retrouvent alors dans des camps d’entraînement, où une semaine à peine leur est consacrée avant d’être déployés en première ligne sur le front ukrainien, dans des conditions où ils servent principalement de “cibles humaines” pour identifier les positions de tir de l’ennemi. Cette tactique, marquée par une exploitation éhontée de ces recrues peu formées et non russophones, les expose à des risques extrêmes, les condamnant souvent à des blessures graves, voire à la mort.
Une Stratégie de Recrutement Bien Organisée
Des enquêtes ont révélé que des citoyens russes, résidant en Guinée en tant qu’hommes d’affaires, jouaient un rôle clé dans ces activités de recrutement. Parmi eux figure Viktor Boyarkin, un ancien responsable de la sécurité de RUSAL, actif en Guinée depuis 2006. Il aurait, avec le soutien d’un réseau local, facilité le recrutement de jeunes Guinéens pour participer au conflit en Ukraine. Face à cette menace, les autorités guinéennes, en collaboration avec les forces de l’ordre et le système judiciaire, ont entamé des actions pour contrer ces agissements et poursuivre les complices locaux.
L’Implication de l’ONG Edina Kraina et le Soutien des Médias
Grâce à l’intervention de l’ONG “Edina Kraina”, soutenue par les médias guinéens comme la chaîne Evasion TV et d’autres journalistes d’investigation, cette opération a pu être largement dénoncée, permettant aux autorités de prendre des mesures rapides. L’ONG a également bénéficié de l’appui d’organisations internationales comme Human Rights Watch, dont la mobilisation a contribué à l’identification des recruteurs et à l’arrêt de leurs activités en Guinée.
Renforcement des Contrôles et Sensibilisation des Citoyens
Dans le cadre de ces efforts, les autorités guinéennes ont instauré des contrôles renforcés pour les étrangers entrant en Guinée, afin de prévenir d’éventuels nouveaux réseaux de recrutement. De plus, les citoyens guinéens voyageant à l’étranger, et notamment ceux se rendant en Russie, sont désormais sensibilisés aux risques encourus, notamment à travers des mises en garde sur les dangers et les illusions véhiculées par ces recruteurs.
Conclusion
La Guinée, par le biais de ses autorités, de la société civile et avec le soutien d’ONG comme “Edina Kraina”, mène une lutte acharnée pour protéger sa jeunesse de l’exploitation et des manipulations qui la guettent à l’international. Grâce à la vigilance des médias et au soutien d’organisations internationales, la mobilisation est en marche pour empêcher d’autres jeunes Guinéens de subir le même sort que ceux déjà embarqués dans cette aventure tragique. Les médias locaux, de concert avec les efforts de sensibilisation, s’engagent à suivre de près ce dossier, assurant une veille nécessaire pour contrer les menaces pesant sur les jeunes citoyens guinéens.