Sans bourses depuis plus de deux mois, les étudiants guinéens au Maroc ont décidé de hausser le ton. A travers une grève médiatique qu’ils ont récemment lancé, ces jeunes étudiants désirent interpeller l’État sur leur situation plus que précaire. Dans cette interview que Sidibé Souleymane, secrétaire général de l’association des stagiaires, élèves et étudiants guinéens au Maroc, nous a accordé, il est question de parler ces primes impayés mais aussi de ce qu’ils demandent à l’Etat.
Guinée Fun Show: Bonjour, quelle est la situation actuelle des étudiants guinéens au Maroc ?
Sidibe Souleymane : bonjour, d’habitude, le paiement de la bourse se fait en trois tranches. Pour la 1ère tranche, on regroupe les mois d’octobre, novembre et décembre, ça fait 3 mois et on paie ça vers le mois de janvier, ce qui fait que nous avons 200 dollars. On a la 2ème tranche qui est de 150 dollars et ça fait le mois de février, mars et avril. Nous avons la 3ème tranche dont 150 dollars pour mai, juin et juillet plus le mois d’août qui correspond aux vacances ici… On donne la dernière partie, les 650 dollars ensemble c’est-à-dire les 3 mois restants plus les 500 pour les primes donc au total, nous avons une bourse annuelle de 1000 dollars…
Pour le moment, nous n’avons reçu que 200 dollars donc il reste 800 dollars qui représentent la 2ème tranche ainsi que les primes de vacances sachant que nous sommes en juin. Nous étions censés entrer en possession de cette bourse de la 2ème tranche en avril, c’est-à-dire 150 dollars, et d’une autre bourse en ce mois de juin, 650 dollars, donc il manque 800 dollars.
Est ce que vous avez engagé des actions pour être rétabli dans vos droits ?
Nous avons tenté plusieurs actions. Premièrement, nous sommes entrés en contact avec l’ambassade de Guinée ici au Maroc à qui on a transmis des courriers pour qu’ils puissent adresser, chose qui a été faite. Ils ont transmis le courrier qu’on a déposé à l’ambassade mais jusqu’au jour où je vous parle, nous n’avons pas eu de réponses. Nous avons lancé un préavis de grève qui devait expirer le 04 juin dernier.
La grève est déjà lancée depuis ce jour. Nous avons parlé aux médias, nous avons fait des affiches. On fait d’abord une grève médiatique et après, on verra s’il faut passer à la vitesse supérieure ou aller à l’ambassade mais pour le moment, on se contente d’une grève médiatique.
Suite à ce lancement, nous n’avons pas eu encore de retour et nous n’avons eu aucun appel, aucune réaction vis-à-vis de cette situation de la part des autorités qui sont en charge de cette question boursière. Hormis cela, il y a d’autres problèmes qui sont là parce que les 50 dollars comme je vous l’ai dit, il faut le revaloriser…
Est ce qu’il y a d’autres difficultés auxquelles vous êtes confronté ?
Les étudiants guinéens au Maroc sont fatigués du système actuellement qui est en place au niveau de la direction de l’Office national de la bourse extérieure… Il y a un problème au niveau de ce système parce que nous avons, hors mis la bourse d’autres frais annexes qui sont liés à cette bourse qui est la caisse de sécurité sociale. Cette caisse de sécurité sociale permet de prendre en charge les étudiants et aussi en cas de décès, etc. Il y a presque 3 ans, nous n’avons pas reçu cette caisse de sécurité sociale donc c’est une situation qui nous désole… Chaque fois, nous sommes obligés de nous démerder et parfois, il y a même l’ambassade qui est obligée de mettre la main à la poche pour régler certaines situations… Nous avons un retard dans nos paiements et ça, c’est chaque année.
Quelles sont vos réclamations aujourd’hui ?
Nous demandons une revalorisation de cette bourse… Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est un changement parce que nous avons tellement réclamé. Chaque fois que nous sommes rentrés en médiation, on a tout fait mais la situation ne change pas. Nous voulons un changement au niveau de la direction de l’ONABE parce que nous supposons qu’ils ne sont pas en train de faire leur travail sinon, ces 6 dernières années, il n’y allait pas avoir de retard dans le paiement de nos bourses, on n’allait pas avoir ce problème de caisse.
Avez-vous un appel à lancer ?
Je voudrais lancer un appel solennel à son Excellence Monsieur le Président de la République, Professeur Alpha Condé pour qu’il puisse prendre ce dossier en main. Nous avons tellement écrit au président pour qu’il puisse savoir la réalité que les étudiants vivent ici mais nous sommes sûrs que le message n’est pas arrivé à destination sinon, il se serait déjà penché sur le dossier. Franchement, les étudiants guinéens sont fatigués de l’ONABE et ils demandent un changement au niveau de ce service. Par ailleurs, je voudrais lancer un appel solennel à tous les médias locaux pour qu’ils puissent nous permettre de nous exprimer et envoyer nos vœux à destination.
Nous remercions l’association des stagiaires, élèves et étudiants guinéens au Maroc (ASEGUIM) et son secrétaire général Sidibé Souleymane, d’avoir accepté de se confier à nous pendant ces moments de galère pour les boursiers guinéens du Maroc. Nous espérons que la situation se résoudra le plus tôt que possible.
Propos recueillis par Elisabeth Zézé Guilavogui