Près d’une semaine, la toile continue jusque-là à s’enflammer sur le cas d’un prétendu viol massif à l’orphelinat “Hakuna Matata”. Si d’aucuns pensent que ce fléau doit être abattu à tout prix, d’autres par contre, le banalisent, malgré sa recrudescence.
Dans une vidéo postée via le réseau social Facebook, l’activiste Fatou Mata a haussé le ton ce début de semaine contre les chroniqueurs de la célèbre émission les “Grandes Gueules” d’Espace FM, peu de temps après leurs différentes analyses (lundi 4 avril 2022) sur les questions d’agressions sexuelles, qui selon elle, “d’avoir écouté dans ce studio des propos qui lui ont outré“.
«… J’ai écouté des propos dans ce studio qui m’ont outré en tant que femme mais aussi tant qu’activiste de la défense des droits des femmes entre les violences basées sur le genre et surtout les violences sexuelles. J’ai entendu des propos…, très banalisant du viol (…, viol par intermittence) en référence à la série de viols subit par M’Mah Sylla qui n’est plus de ce monde. C’est une insulte à sa mémoire, de tenir et de rigoler de tous types de propos surtout d’un journaliste, qui est censé être aux faits des réalités. Dans un premier temps, je vous exhorte à faire très attention aux éléments de langage que vous employez dans votre studio, parce que non seulement vous êtes des journalistes, vous devriez le faire mais surtout en 2022, et aujourd’hui des questions de violences sexuelles ne doivent pas être des questions que vous connaissez pas et que vous ne maîtrisez pas, parce que le viol, parce que d’autres agressions sexuelles sont la routine de la femme guinéenne. Non seulement vous êtes censés être aux faits de ces réalités-là, mais en plus sur une radio de grande écoute, je suis désolé, Bah les personnes qui vous écoutent, vous admirent tellement, vos paroles peuvent passer comme paroles d’évangile. D’autant plus que la moitié de la population guinéenne et même plus n’est pas lettrée, n’est pas scolarisée, n’est pas renseignée, n’est pas sensibilisée sur les questions de violences sexuelles », a-t-elle laissé entendre.
De poursuivre, cette défenseuse des droits des femmes a regretté le fait que ces chroniqueurs s’attaquent aux ONG évoluant dans ce domaine, dès que les sujets de viol se posent.
« À ce qui ressort, très souvent de vos propos dans le studio des Grandes Gueules, c’est que généralement et ça, ça vient beaucoup des hommes, c’est que vous moraliser beaucoup les associations, les ONG qui s’engagent parce qu’elles devraient faire si et devraient ça. Moi j’ai envie de vous dire que, si vous voulez changer les choses, des luttes contre les violations basées sur le genre, ne sont pas l’apanage à l’exclusivité des femmes, si vous voulez proposer des méthodes qui vous semblent plus pertinentes que celles des autres, bah allez sur le terrain, appliquez-les, sortez des bilans et faites des études de faisabilité, faites des sensibilisations, des sondages et sortez des statistiques qui prouvent l’effectivité de votre travail à vous », a-t-elle indiqué.
Avant d’ajouter que : « Au lieu de vous asseoir au studio et dire, mais surtout réduire tous les efforts qui ont été faits de part et d’autres pour les gens épris de justice, et bien sûr il y a la phrase fatidique qu’on entend tous lorsqu’ils parlent c’est, il y a “les vrais activistes”, il y a “les faux activistes”, bien sûr comme si chaque système n’était pas constitué d’arachide pourrie. Mais bien-sûr lorsqu’on est assis dans son petit cocoon d’amour, qu’on sirote tranquille son jus, on peut bien écrire l’histoire pendant qu’on n’est pas au front et on s’attend à ce que ceux qui sont au front fassent demi-tour, reviennent lire l’histoire qu’on a écrit tranquillement pendant qu’on n’a pas été blessé, on n’a pas été offensé, on n’a pas été offusqué et surtout pendant que nous jouissons de plein de privilège, ça aussi je suis désolée mais c’est tellement hypocrite. Eh mais je suis outrée, eh je m’inscris en faux quoi et il faut arrêter un moment…».
Il faut déjà de l’agissement, donc il faut agir avant de parler, dit-elle sur le cas du journaliste Robbie Sarah, cité aussi dans un dossier de viol : « nous sommes qu’à même dans un studio en train de traiter une série d’agressions sexuelles prétendue et vous avez des éléments dans ce studio-là, qui sont en cours sous le coup de la loi, qui n’ont pas encore reçu de jugement concernant leur cas qui se victimisent, mais surtout qui contournent le débat, qui ramène toute l’attention sur eux et qui espère qu’on les prenne en pitié…».
Parlant du communiqué dont s’est fendu l’administration de l’orphelinat “Hakuna Matata” à travers sa présidente, Mme Laurence Rouyer, éclaircissant les faits, l’auteure des “Lettres Vagabondes” dira ceci.
«… Au regard du communiqué qui a été tant critiqué dans ce studio, c’est que le communiqué n’a jamais avoué, précisé, confirmé aucun viol, non ! Et bien attendu, il est très facile dans ce studio aussi de faire son clown et de rigoler de tout, mais surtout lorsqu’on parle de viol et de violence basée sur le genre. De montrer qu’on peut être un comédien, un comique et surtout les gens en vont rire. Quand on est comédien, quand on est drôle, les gens rient de tout, mais de grâce, lorsque vous parlez de violences sexuelles et des violences basées sur le genre, évitez parce qu’il y a des gens qui banalisent dehors là dans la société. Ils n’attendent que vous pour confirmer leur stupidité sauf si vous vouliez les donner un peu plus de matière à être stupide mais vous pourriez l’éviter surtout quand vous n’aviez rien à dire, taisez-vous c’est très important. Parce que vous parlez sans savoir ce que vous employez mais surtout vous savez, il est vraiment très facile aujourd’hui d’avoir des vrais renseignements sur les choses. D’abord la première des choses, aurait été que tout le monde lise ce communiqué mais en ne se contentant pas de le lire mais de le comprendre aussi, et pas forcément de venir débattre du contenu dans le studio, parce que le communiqué emploi qu’à même des termes clairs, il rappelle des faits et les faits lorsqu’ils sont rappelés ne confirme rien du tout, c’est un rappel des faits », a-t-elle lâché, tout en les prodiguant de sages conseils.
De renchérir, la jeune dame ajoute en ses termes : «… je sais qu’il y a des juristes dans votre studio, ne confirme, n’informe rien du tout, le rappel des faits va aller s’interroger sur les possibilités de qualification des faits, ça veut dire que ce n’est pas l’orphelinat d’aller qualifier des faits, on a un appareil judiciaire avec des OPJ, avec des procureurs, avec des avocats qui sont avertis que nous autres citoyens lambda.
Pire lorsqu’on est journaliste, très conscient du fait que vous ne soyez pas spécialistes de tout mais spécialistes de votre domaine, je l’espère. Parce que les médias en Guinée se rendent coupables d’un crime de société, ils profitent de grands titres, de gros mots, de grands thèmes et surtout ils sont très pressés d’avoir l’exclusivité des choses, ne vont pas fouiller au fond, ne connaissent pas les faits réels et surtout abordent les questions avec le plus grand risque…», a-t-elle conclu.
Reste maintenant à savoir si ce message tombera dans de bonnes oreilles, surtout quand il s’agit des questions liées aux violences basées sur le genre ?
G.T pour guineefunshow.com